La secte Boko Haram ne laisse plus un jour sans rappeler son existence à travers des attaques, des attentats et des tueries aussi bien au Cameroun qu’au Nigeria voisin où elle est établie. Au Nigeria, le Gouvernement ou mieux l’armée semble dépassée par les événements. Après l’enlèvement de 200 lycéennes par cette ténébreuse nébuleuse le 14 avril 2014, aujourd’hui, c’est la ville de Jobok qui s’est vidée de sa population. Et les adeptes de cette secte ont pris tout simplement contrôle de cette ville. Les femmes des militaires nigérians dont leurs maris avaient été envoyés au front, ont manifesté sur le fait que ces derniers n’étaient pas suffisamment équipés tandis que les combattants de Boko Haram sont dangereusement et fortement équipés. Force est de constater que chaque fois que le président nigérian Goodluck Jonathan prend la parole au Nigéria pour évoquer cette secte, celle-ci réagit tout simplement par des attentats. Comme pour dire au président Goodluck, «monsieur, taisez- vous, vous n’avez rien à dire, vous ne contrôlez rien». L’armée nigériane ne sait plus à quel saint se vouer. Les menaces attribuées à cette secte ne se comptent plus. Benisheik (161 morts le 18 septembre 2013), Zghe (environ 170 morts le 15 février 2014), Gamboue Ngola (336 morts le 5 mai 2014), Danboa (plus de 100 morts la nuit du 17 juillet 2014). Le rapt le plus important, avons-nous déjà signalé a eu lieu le 14 avril 2014 à Chibok. Aujourd’hui, c’est la ville Jobok qui est totalement occupée par ces djihadistes. La semaine dernière, Boko Haram a changé de stratégie: ce ne sont plus les filles qui sont kidnappées. Ce sont des garçons pour renflouer leurs effectifs. Le gouvernement de Goodluck Jonathan, visiblement, semble ne plus être inspiré sur les moyens de venir à bout de ces combattants d’un autre genre. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si cette secte qui mène une guerre asymétrique au gouvernement nigérian, ne cherche pas tout simplement à l’humilier. L’on se souvient que lors du sommet organisé à Paris par Hollande sur Boko Haram avec les Etats du Nigeria, du Cameroun, du Niger, du Benin et du Tchad, Jonathan avait dû précipitamment regagner son pays après un jour seulement passé à Paris. La raison: Boko Haram venait encore de frapper à Abuja occasionnant plusieurs morts.Il importe de préciser que cette secte avait promis de rendre le Nigeria ingouvernable. Le Cameroun n’est pas épargné Le Cameroun de monsieur Paul Biya paie le tribut de sa proximité avec le Nigeria. Le leader Aboubakar Shekaw avait longtemps averti le Cameroun dans un message en langue haoussa où il disait à peu près ceci: «vous Camerounais, on ne vous a pas attaqués et ne nous attaquer pas aussi; celui qui nous attaque, quelque soit l’endroit où il se trouve, nous l’attaquerons». La secte avait également averti d’enlever des personnalités camerounaises. En s’attaquant au domicile de Amadou Ali (en fait leur mission était de le capturer avec sa famille), en prenant en otage une autorité traditionnelle, le lamido de Kolofata et sa famille, cette secte a monté sa détermination.Qu’en serait-il si cette secte réussissait cette prouesse ? Depuis que monsieur Paul Biya était allé leur déclarer la guerre à Paris, les combattants de Boko Haram ont à leur tour déclaré la guerre au Cameroun. Cette secte a frappé deux fois lourdement le Cameroun en moins d’une semaine: à Hilé Alifa le 24 juillet et trois jours plus tard à Kolofata infligeant à notre pays de nombreux morts. Peu avant son départ pour le sommet Etats- Unis/Afrique, monsieur Paul Biya montrait sa détermination de venir à bout de ce groupe nuisible. Mais cela n’a pas empêché ce groupe d’attaquer une fois de plus le Cameroun. En fait, le 6 août dernier aux alentours de 14h40mn, des membres de cette secte, lourdement armés, ont tué deux éléments de forces et de sécurité. (Leur mode opératoire est d’instaurer la peur et la panique dans les esprits des populations. Pour cela, après avoir tué, ils sectionnent les têtes des corps sur la route, prennent des clichés et les expédient aux populations). Ces assaillants vont blesser un officier de police et enlever deux fils du chef du canton de Zigué Zigagué, ainsi que le grand frère du sultan de Waza, département du Logone. Le bilan encore provisoire faisait état de 206 blessés et 11 morts. Selon certaines informations, après le passage de Boko Haram à Kolofata, la ville se vide aujourd’hui de ses habitants. C’est la peur qui gagne tout le monde. Les uns et les autres vont se refugier soit à Mora, soit à Mokolo ou à Maroua chez des cousins et des parents. La raison que ces populations avancent, c’est qu’elles ne comprennent pas toujours comment ces bandits de Boko Haram ont pu opérer à Kolofata pendant deux heures de temps et sont repartis tranquillement sans être inquiétés par l’armée camerounaise.
Alain Ditona