Plusieurs femmes kamikazes ont commis des attentats suicides ces derniers jours dans le Nord du Nigeria. Inédit dans le pays et en Afrique, le phénomène n’est pas nouveau dans le reste du monde. Tchétchénie au Sri Lanka en passant par la Palestine, de nombreuses femmes ont donné leur vie pour des causes nationalistes ou religieuses.
Dimanche 8 juin 2014, aux alentours de Bombe, ville moyenne du Nordest du Nigeria. Les militaires sont sur les dents, à la recherche d’une femme. Selon un rapport des services de renseignement, celle-ci est un membre d’un groupe lié à Boko Haram et rechercherait à perpétrer un attentat contre une caserne militaire. Un groupe de soldats finit par la localiser. Au moment où ils s’approchent pour l’interpeller une violente explosion retentit. Sous ses vêtements la suspecte portait une ceinture d’explosifs qu’elle a actionnée plutôt que de se rendre. Cette femme est le premier kamikaze connu depuis le début de l’insurrection islamique menée par Boko haram dans le Nord-ouest du pays, en 2009. Si les disciples d’Abubakar Shekau mènent (très) régulièrement des attentats-suicides contre les forces de sécurité ou les civils, jamais une femme n’avait jusqu’ici perpétré un tel acte. Une fille de 10 ans avec une ceinture explosive Ce qui aurait pu rester un cas isolé s’est dangereusement intensifié un mois et demi plus tard. Entre le 27 et le 30 juillet, quatre nouvelles kamikazes, des adolescentes, ou à peine plus âgées selon des témoins se font exploser à Kano et ses environs, visant un centre commercial, une station essence et des centres universitaires. Le bilant est lourd: une dizaine de morts et de nombreux blessés. Plus inquiétant encore, une fille de 10ans a été arrêtée par les services de sécurité avec une ceinture d’explosifs autour de sa maigre taille… Il est tout à fait possible qu’elles soient d’anciens otages, drogués pour ensuite en faire des kamikazes, décrypte Khalifa Dikwa, politologue de l’université de Maiduguri, spécialiste de Boko Haram. Elles sont moins fouillées et passent plus facilement les contrôles de sécurité, elles ont donc potentiellement plus de facilités à dissimuler des explosifs sous leurs habits. Le détail n’a pas échappé aux terroristes de Boko Haram, certains s’étant parfois déguisés en femmes pour commettre des attentats-suicides au cours des années passées. Tout récent en Afrique, le phénomène des femmes kamikazes n’est pas nouveau dans le reste du monde. La première fut la désormais célèbre Sona Khyadali, une jeune libanaise de 16 ans, qui s’est fait exploser le 9 avril 1985 au volant véhicule piégé près d’un convoi militaire israélite, tuant deux soldats de Tsahal. Depuis, elles sont des centaines à avoir, de la Palestine au sri Lanka en passant par la Tchétchénie, mené des attaques suicides pour défendre leurs causes nationalistes ou religieuses. Récemment, Boko Haram a encore changé de stratégie en kidnappant de jeunes garçons pour renforcer leurs effectifs en diminution.