Les observateurs de la scène politique ivoirienne se demandent si ce sont les circonstances ou une réelle volonté de réconciliation qui ont amené Alassane Ouattara à recevoir son ex-rival, Laurent Gbagbo. Les deux hommes se sont affichés en accolade et marchant main dans la main. Cette rencontre peut-elle apporter la réconciliation en Côte d’Ivoire ?
Finalement, Alassane a rencontré Gbagbo. Finalement parce que depuis la crise post électorale de 2010, les deux hommes ne se sont pas rencontrés. Qu’est-ce qui a poussé le président Ivoirien qui a longtemps hésité quant au retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire à le recevoir. Même après le retour de ce dernier en Côte d’Ivoire, rien ne présageait cette rencontre. Qu’est-ce qui s’est passé ? L’on se souvient que pour que Laurent Gbagbo puisse avoir un passeport, il a fallu du temps. Après avoir longuement réfléchi, et ne voulant pas être perçu par la communauté internationale comme un obstacle à la réconciliation dans son pays, Alassane va finalement accorder le passeport à son ex rival, et permettre ainsi son retour en Côte d’Ivoire.
Parlant des circonstances, il faut rappeler deux faits : la rencontre Konan Bédié –Gbagbo et la réaction du secrétaire général du RHDP, Adama Bictogo après cette rencontre. L’on se souvient que lors de sa visite à Konan Bédié et pendant son discours, Laurent Gbagbo avait longuement critiqué le gouvernement ivoirien et s’était résolument présenté comme un véritable opposant au régime d’Alassane Ouattara. La réaction du camp d’Ouattara par la conférence de presse d’Adama Bictogo ne s’est pas faite attendre.IL a tenu à rappeler que leur camp n’avait pas peur de l’alliance Gbagbo-Bédié ; une alliance qui n’allait pas durer parce que ,selon lui ,tout oppose les deux hommes. Adama Bictogo croyait avoir bien agir par ses propos qui, selon certaines sources n’auraient pas plu, non seulement à une grande partie du camp du RHDP, mais aussi à Alassane Ouattara ; mais la question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si le Secrétaire du parti peut aller s’adresser aux journalistes sans avoir auparavant devisé avec son chef, c’est-à-dire le président Ouattara. Quoiqu’il en soit, l’image laissée au monde entier par ces propos, c’est que le camp présidentiel n’était pas disposé à la réconciliation. C’est pour rectifier, mieux sauver son image que le président ivoirien a finalement décidé de rencontrer son ex rival. Soit ! L’essentiel est fait, les deux personnalités se sont rencontrées et les Ivoiriens aspirent à la paix. Mais la réconciliation, c’est tout autre chose ; les affichages par les accolades et la main dans la main ou la rencontre de deux personnes ,estiment certains observateurs, ne sont pas susceptibles de ramener la réconciliation en Côte d’Ivoire. On verra la sincérité de l’un ou de l’autre devant certains sujets cruciaux tels la libération des prisonniers du camp de Gbagbo, la commission indépendante des élections, la traduction en justice des partisans du camp d’ALassane Ouattara, les alliances contre nature et contre des personnes dans la classe politique ivoirienne. Attendons voir la suite.
Jean Pierre Ombolo.