Le Kenya a déployé depuis hier matin 400 policiers en Haïti pour une mission soutenue par les Nations Unies. Ces policiers parviendront-ils à rétablir l’ordre dans la Capitale haïtienne ?
Un contingent de 400 policiers kenyans, le premier de la force de 1000 personnes, a quitté tôt mardi Nairobi pour se rendre en Haïti. Les policiers dirigeront un programme multinational de lutte contre les gangs et de rétablissement de l’ordre dans la nation caribéenne. Pour le président William Ruto, son pays, le Kenya possède de solides références en matière de rétablissement de la paix et de résolution des conflits à l’échelle mondiale. La présence de ses policiers en Haiti soulagera les hommes, les femmes et les enfants dont la vie a été brisée par la violence des gangs. ”Nous travaillerons avec la communauté internationale pour apporter une stabilité durable en Haïti “ a-t-il ajouté.
Le déploiement intervient dans un contexte de flambée de violence et d’instabilité politique en Haïti. Des gangs contrôlent de larges territoires dans la capitale Port-au-Prince et échappent au contrôle des autorités locales. La mission est soutenue par les Nations Unies et bénéficie de l’appui de diverses forces internationales. La police kenyane, composée d’unités spéciales telles que l’unité de déploiement rapide ( RDU) et l’unité des services généraux (GSU), dirigera la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haiti, à laquelle se joindront également des forces d’autres pays. Les Etats Unis se sont engagés à financer à hauteur de 100 millions de dollars la mission menée par les Nations Unies si elle est approuvée par le congrès, et plusieurs autres pays dont le Canada, la Jamaïque et le Sénégal, ont exprimé leur soutien à l’initiative
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moise le 7 juillet 2021, Haïti est en proie à la dictature des gangs armés et à l’instabilité politique. La situation s’est aggravée ces derniers mois avec des enlèvements, des meurtres, des vols à main armée et d’autres crimes violents qui sont devenus monnaie courante.
Sur le plan politique, les gangs ont poussé à la démission l’ancien Premier Ministre Ariel Henri le 12 mars 2024 à l’issue des pourparlers pour une transition politique ; il a assumé les fonctions de président par intérim après l’assassinat de Jovenel Moïse en 2021. Aujourd’hui en Haïti, c’est un conseil présidentiel de 9 personnes qui dirige le pays et n’a pas d’emprise sur les gangs armés.
Mission impossible pour les policiers kenyans?
On pourrait qualifier la mission des policiers kenyans en Haiti comme mission impossible compte tenu de la complexité de la situation qui y prévaut. L’Etat n’existe plus, ce sont les gangs qui dictent leur volonté et sont convaincus de leur capacité de nuisance. Dans une interview accordée récemment à France 24, l’un des chefs des gangs les plus rédoutés en Haiti ”Barbecue “ ancien policier et ancien prisonnier répondait avec assurance au reporter : ”quel que soit le gouvernement qui sera établi en Haiti, ce gouvernement sera obligé de composer avec les différents gangs, parce que, ce sont ces gangs qui contrôlent tout et sont lourdement armés”. Comme on peut s’en apercevoir la mission des policiers kenyans n’est pas une ballade de santé. IL leur faudra combattre ces gangs militairement. Ont-ils les moyens logistiques puissants comme par exemple les hélicoptères pour le faire? Est ce que les Haitiens eux-memes veulent la paix? On se serait attendu à voir les militaires y être envoyés. Les policiers ? on attend voir la suite.
Jean Pierre Ombolo