L’African National Congres (ANC) vient de perdre sa majorité absolue à l’issue des élections législatives qui venaient d’être organisées en Afrique du Sud en obtenant seulement 159 députés sur 400 que compte l’assemblée nationale sud-africaine. L’ANC ne peut plus gouverner seul, ni choisir seul le Président de la République. Avec qui l’ANC va-t-il former la coalition pour gouverner ? Telle est la question.
Les choses ne seront plus les mêmes sur le plan politique en Afrique du Sud à l’issue des résultats des élections générales organisées le 29 mai dernier. L’ANC qui depuis 1994 jouissait de la majorité absolue dans le parlement vient justement de la perdre. Les résultats proclamés officiellement hier par la commission électorale attribuent au Congrès national africain de Cyril Ramaphosa 159 députés, à l’Alliance démocratique de John Stenhuisen, 87 députés, à Umkhonto we Siwe de Jacob Zuma, 58 députés, aux Combattants de la liberté économique de Julius Malema 39 députés.
Comme on peut le constater, Le Congrès national africain (ANC) mené par Cyril Ramaphosa perd la majorité absolue des sièges, une première depuis la fin de l’apartheid trente plus tôt. Si l’Alliance démocratique de John Steenhuisen conserve la seconde place et demeure le principal parti d’opposition, le recul de l’ANC profite principalement au parti Umkokonto we Swe (MK) de l’ancien président Jacob Zuma, qui arrive troisième pour sa première participation à un scrutin national. Outre le recul historique de l’ANC, les élections de 2024 aboutissent pour la première fois depuis 1924 à un parlement sans majorité contraignant ainsi les partis politiques à s’entendre sur un gouvernement de coalition. L’élection présidentielle organisée au scrutin indirect dans le mois suivant devra constituer un test pour les forces en présence. Mais avant de voir les scenarios possibles en ce qui concerne le gouvernement de coalition, qu’est ce qui peut expliquer la défaite de l’ANC à ces élections?
Un vote sanction de l’ANC
L’ANC au pouvoir depuis 1994 dormait sur ses lauriers et croyait que la majorité absolue au parlement lui était désormais acquise et que aucun effort n’était plus demandé à ces dirigeants par la majorité noire d’améliorer leurs conditions de vie. Avec l’arrivée de Cyril Ramaphosa la situation économique du pays s’est plutôt dégradée avec 32 pour cent de chômage. A cela s’ajoutent la pauvreté, les inégalités, la corruption et le délestage. D’une manière générale les noirs sud-africains sont mécontents de la gestion de Cyril Ramaphosa. Les spécialistes s’accordent à dire que c‘est ce mécontentement qui a été exprimé à travers la défaite de l’ANC. Aussi deux questions viennent -elles à l’esprit: Ramaphosa peut-il rester au pouvoir ? Avec quel parti l’ANC va-t-il faire alliance? Deux scenarios se présentent : le premier scénario peut se réaliser avec l’Alliance démocratique de John Steenhuisson. Ce parti peut prendre le parlement et l’ANC l’ exécutif. Seulement ces deux partis n’ont pas la même vision. L’alliance est un parti libéral qui protège les intérêts des Blancs et le capital. Et sur le problème palestinien, leurs points de vue sont différents. Le second scénario peut se faire avec le MK de Jacob Zuma et les Combattants de la liberté économique de Julius Malema. Si l’accord politique peut se faire facilement avec Julius Malema tel n’est pas le cas avec le MK de Jacob Zuma qui ne veut plus de Ramaphosa comme président de la république. De son côté, l’ANC considère le départ de Cyril Ramaphosa comme une zone interdite pour toute coalition politique. Les prochains jours nous diront la suite de l’histoire. Ce qui est certain c’est que l’Afrique du Sud est entrain de vivre un tournant décisif de son histoire politique.
Jean Pierre Ombolo