Potentiel International

COMMERCE INTERNATIONAL: LA GUERRE DE LA BANANE

La banane sud-américaine contre la banane africaine

      La banane dollar, la banane sud-américaine mène une guerre difficile à la banane africaine .Cela suscite des inquiétudes  auprès des producteurs africains qui en appellent à l’Union Européenne .

        Les producteurs africains de banane  sont aujourd’hui confrontés à une concurrence féroce que leur livrent leurs homologues sud-américains .Cette concurrence apparait inégale compte tenu non seulement  du niveau de productivité mais également du niveau d’accès de cette denrée dans le commerce mondial, plus précisément au niveau de l’Union européenne qui est le principal  débouché de la banane africaine .Cette guerre apparait,  dirait Marie Pierre Olphan,  un peu comme David contre Goliath.

        Il est vrai que la production de la banane a augmenté en Afrique, depuis le début des années 2000, notamment  au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Ghana ,mais en Amérique Latine, la production de la banane se fait dans de grandes exploitations à fort rendement ;par conséquent le secteur  en Amérique Latine pèse vingt fois plus qu’en Afrique. Les producteurs africains fournissent des efforts formidables en ce qui concerne la multiplication des champs de production, avec corolaire le recrutement d’une main d’œuvre de plus en plus  nombreuse. Mais ces investissements ne sont pas toujours à la hauteur pour prendre les parts de marché à la banane dollar ,celle qui vient d’Amérique Latine. Et pour les producteurs et exportateurs africains de banane, l’abondance de ces fruits sud-américains  menace aujourd’hui sérieusement la production africaine. La banane dollar entre sur le sol européen grâce à des droits de douane qui sont passés de 176 euros la tonne en 2009 à 75 euros  l’année dernière. Une ligne rouge pour les entreprises bananières africaines. « Si ces droits baissent encore, notre survie est en jeu », prévient  Joseph Owona Kono, Président de l’association des producteurs et exportateurs africains de banane, Afruiba.

      Les mesures d’accompagnement de la banane (MAB) mises en œuvre par l’Union européenne entre 2013 et 2020 n’ont pas permis à rendre plus  compétitive la banane africaine. Elles ont été sous-dimensionnées alors que les aides à la banane rivale ne cessent de croitre ; toutefois, ces mesures européennes viennent d’être reconduites pour deux années supplémentaires ;ce qui permettra au moins aux pays africains concernés d’aller au bout des projets et de ne pas perdre l’argent alloué,mais sans aide supplémentaire,l’avenir s’annonce un peu difficile.

              De nouveaux investissements sont nécessaires

       Pour redonner la vigueur au secteur et pouvoir affronter cette concurrence, de nouveaux investissements sont indispensables.Ce qui fera la différence,c’est aussi l’adaptabilité de la banane africaine,et notamment sa capacité à repondre aux nouvelles exigences de consommation en Europe, à savoir le bio et l’équitableCe segment  de marché qui ne cesse de croitre offre des prix plus stables aux producteurs,dans un contexte où le prix de la banane s’effondre.Ces 5 dernières années ,le prix à l’importation en Europe du carton de banane a baissé de 2,5 euros. L’offre étant régulièrement supérieure à la demande la tendance ne s’inverse pas. Au bout de la chaîne, c’est un producteur africain qui n’est payé au juste prix.

           Ce n’est pas le moment de lâcher les paysans du continent

Les entreprises bananières africaines du continent appellent l’Union européenne à accompagner les réformes et à réguler le marché face à cequ’elles qualifient d’ « invasion de la banane dollar ».

     A Bruxelles, les lobbystes de la banane africaine diffusent aussi un message plus politique.On ne peut pas vouloir limiter l’émigration africaine vers l’Europe et dans le même temps lâcher un secteur qui a créé des dizaines de milliers d’emplois au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Ghana.Les efforts de productivité entrepris ces dix dernières années ont porté  de fruits.On a vu la production augmenter.Pour les Africains, ce n’est pas le moment de lâcher les paysans africains.

            Jean Pierre Ombolo

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