Où sont la bonne vie et la démocratie que les Occidentaux et leurs alliés promettaient aux Libyens en éliminant Kadhafi? Devant la situation critique créée par eux malgré les propositions pacifiques de l’Union africaine, aujourd’hui, incapables d’assumer les conséquences de leurs actions, ils demandent à leurs ressortissants de quitter le pays et laissent mourir les Libyens. L’année 2011 est considérée dans l’histoire comme l’année de basculement, des changements en Afrique, surtout en Afrique du Nord. Entre le 4 et le7 avril, les troupes françaises intervenaient en Côte d’ivoire. A partir du 19 mars 2011, les forces de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) principalement françaises et britanniques avaient commencé à bombarder la Libye. Pour l’ancien président sud Africain, ces événements ont illustré «l’impuissance de l’Union africaine à faire valoir les droits des peuples africains face à la communauté internationale». L’année 2011, comme nous l’avons dit plus haut est l’année de basculement en Afrique du Nord. Le 14 janvier, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali prenait la fuite. Médusée, l’Europe n’intervenait pas. Le 10 février en Egypte, M. Hosni Moubarak démissionnait. Le 12 février, la contestation gagnait la Libye voisine. Pour les Occidentaux, ce dernier soulèvement fut une aubaine: il leur permit de jouer à bon compte les humanitaires (ils allaient intervenir en Libye, disaientils protéger les civils) et de faire oublier leur soutien aux autres régimes dictatoriaux. Avec le rôle de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’Onu, le 17 mars 2011, une danse macabre commençait autour de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Le bombardement de l’Otan débutait le 20 mars, le jour même où le comité des chefs d’Etat africains constitué de Jakob Zuma, Mohamed Ould Abdel Aziz, Denis Sassou Nguesso, Amadou Toumani Touré, Yoweri Muse veni devait se rendre à tripoli pour présenter la feuille de route aux parties en conflit. Kadhafi avait pourtant accepté la proposition de l’Union africaine qui lui conseillait la voie de l’exil extérieur emprunté par Ben Ali, soit la voie de l’exil intérieur comme Moubarak qui avait démissionné. Kadhafi devait renoncer de lui-même afin d’épargner à son peuple les malheurs et les humiliations d’une guerre civile dont l’issue lui serait fatale. Le conseil national de transition de son côté, soutenu par les Occidentaux avait dit non aux propositions de l’Union africaine; les pyromanes venaient de l’emporter sur la paix, et l’affrontement sur la négociation. Il faut préciser que le machin qu’est la ligue Arabe, était aligné derrière la position occidentale, le Qatar se montrant le plus belliciste. Le 20 octobre 2011, l’aviation française interceptait le convoi du guide libyen. S’échappant à pied, Kadhafi était repéré, capturé et froidement abattu. Tandis que l’Union africaine voulait changer le système, les Occidentaux voulaient plutôt éliminer un homme. La coalition occidentale et son bras armé, l’Otan, les justiciers, entendaient réagir avec férocité aux agissements de Kadhafi et comme avec Sadam Hussein, l’éliminer définitivement. On découvrit que la «guerre humanitaire» drapée dans les bons et nobles sentiments du nouveau principe de la «responsabilité de protéger» adoptée par les Nation unies en 2005 dissimulait une politique de puissance classique visant à renverser un régime et à assassiner un chef d’Etat étranger avec cette fois le feu vert de l’Onu. En intervenant en Côte d’Ivoire et en marginalisant l’Onu et l’Union africaine, certaines puissances démontraient par là même qu’aucune autorité internationale n’est supérieure à la leur. C’est comme à leur habitude, les Européens, lorsqu’ils veulent se débarrasser de toi, ils te présentent dans le monde entier comme le grand Satan. Fait curieux cependant, avant la fin des hostilités en Libye après la chute de Kadhafi, le ministre français de la coopération de l’époque accompagné d’une forte délégation des hommes d’affaires allait déjà signer les contrats, des marchés avec le conseil national de la transition pour rebâtir le pays que la France les a aidés à détruire. Les Occidentaux, en intervenant dans le pays, promettaient aux libyens une vie meilleure et la démocratie. L’invasion de Libye a provoqué le terrorisme dans le Sahel; avant c’étaient des bandes armées. Aujourd’hui la Libye est devenue le ventre mou du Sahel.
Marceline Tiapeh