Depuis 2008, le régime d’Idriss Déby fait face à des incursions récurrentes de rebelles venant de la Libye voisine. La dernière en date est celle de dimanche dernier dans l’Est du pays.
Les rebelles ont encore attaqué dimanche dernier le poste de douane de Zouarké dans la province du Tibesti à l’Est du territoire tchadien .Selon le porte parole de l’armée et du gouvernement, ces groupes lourdement armés venaient de la Lybie .Toujours selon le porte parole du gouvernement, la situation semble sous contrôle gouvernemental ;Ndjamena a relevé que depuis lundi matin, les rebelles sont « fixés et traités par l’aviation de l’armée de l’air tchadienne » et ils sont en débandade et pourchassés par les forces tchadiennes.
Dimanche 11avril, le front de l’alternance et de la concorde au Tchad (FACT) a affirmé dans un communiqué avoir attaqué l’armée tchadienne à Wour et Zouarké dans la zone de Tibesti. Pour rappel, lors d’une assemblée constitutive, le 02 Avril à Tanoua au nord du Tchad, le mouvement politico-militaire dénommé Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad a été créé sous le leadership de Mahamat Mahdi Ali ; le Fact « a pour objectif la réalisation des aspirations fondamentales du Peuple Tchadien(…)la concrétisation de l’alternance politique. Cette rébellion est une branche dissidente de l’ex-Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), mouvement fondé par l’un des plus influents chefs rebelles, le général Mahamat Nouri. C’est une énième rébellion qui voudrait se lancer à l’assaut de N’Djamena. Que revendique la multitude de rébellions au Tchad ?
L’alternance politique
Voilà le mot, à la bouche des chefs rebelles ; selon eux, le maréchal président n’a aucune intention de quitter le pouvoir démocratiquement, donc de permettre l’alternance ; si par les urnes, il ne peut pas partir, il faut le faire par les armes. Pour ces rebelles, Idriss Débi a déjà fait de plus de 37 ans au pouvoir, il n’a rien fait. Que peut il encore apporter aux tchadiens ? Du côté du pouvoir, on se défend en brandissant les réalisations, l’unité, la sécurité et la paix au Tchad ;donc pour les partisans du Maréchal président, Idriss Debi est l’homme de la situation, personne avant lui n’a fait ce que le Tchad connait aujourd’hui. Ce discours des tenants du pouvoir radicalise davantage les positions des rebelles, qui comprennent une fois de plus que le départ d’Idriss du pouvoir n’est pas pour bientôt. Ce n’est pas donc pas un hasard si l’attaque des rebelles du Fact intervient au lendemain de l’élection présidentielle du 11avril.
Une paix fragile
La situation au Tchad peut dégénérer à tout moment. On a vu les rebelles arriver aux portes du palais présidentiel et être repoussés in extrémis par les forces françaises. En 2020, on a vu des colonnes de véhicules lourdement armés venant de la Libye voisine en direction de N’Djamena, être stoppés par l’aviation française à la demande de N’Djamena ; c’était la deuxième fois que la France sauvait son allié. Mais jusqu’à quand ? Serai-t-on tenté de se demander. La dernière campagne électorale présidentielle a créé les tensions graves poussant même certains opposants de taille à abandonner la course. Tout cela ne présage pas un avenir pacifique au Tchad, à moins que le régime n’entame des négociations avec ses opposants et rebelles.
Très pertinent