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Le Bir dort sur ses lauriers

Le Bir, la force militaire la plus équipée et la plus entraînée du Cameroun, n’a pas été sur la même longueur d’onde du président de la république du Cameroun, M. Paul Biya, qui a «déclaré la guerre» à Boko Haram. Sans être inquiet de l’ampleur de la situation, le Bir essuie aujourd’hui les attaques barbares de la secte Boko Haram.

C’est véritablement le coeur du système de défense et de sécurité du territoire. Il faut noter que le Bir se déploie actuellement sur plusieurs plans: la sécurisation de la presqu’ile de Bakassi; la surveillance des frontières; la lutte contre les coupeurs de route et les braconniers; il est également associé au sein de chaque région militaire à la brigade d’intervention rapide; et la sécurité présidentielle. Et aujourd’hui, la lutte contre la secte islamique Boko Haram du Nigeria voisin. De ses missions multiples, il est équipé d’un potentiel de jeunes hommes ayant un entraînement adéquat, d’un matériel de guerre polyvalent et de pointe (terre, mer et air démontré lors de la récente fête nationale). Les éléments du Bir occupent à ce jour un rôle de premier plan dans la défense du territoire par la preuve de leur force. Ils forment une armée sur qui la population peut compter. Mais depuis que Boko Haram sévit, la population camerounaise en général s’interroge, elle a la peur dans le ventre et ne se sent plus en sécurité. Les regards sont braqués sur le bataillon d’intervention rapide. Sans vouloir extrapoler ou ridiculiser, nos éléments du Bir, depuis l’affaire Boko Haram, ne reflètent pas le sens propre de ces trois expressions: «bataillon», «intervention », «rapide». Ceci n’est pas seulement pour les éléments du Bir. On a vu nos chers Lions à la Coupe du monde au Brésil. Et cela ne s’arrête pas sur ces deux exemples. Toutes les couches sociales, dans leur domaine de définition, ne sont plus à la hauteur des attentes. Que ce soit dans l’éducation, la santé, la sécurité, le sport,… tout est à revoir. On parle de patriotisme par là, de la conscience professionnelle en occurrence par ici. Hors, ce n’est pas le potentiel qui manque aux Camerounais mais le snobisme auquel s’ajoute l’égoïsme monumental. Le président de la république, M. Paul Biya, lors du Sommet de l’Élysée (17 mai 2014) sur le Nigeria pour trouver des solutions contre la secte islamiste, à l’initiative de François Hollande, président de la France, avait affirmé que la guerre contre Boko Haram était engagée. Le chef des forces de défense, en homme averti et qui avait mesuré le caractère opulent de ces hors-la-loi, a donné l’alerte générale. Mais nos forces de défense sont restées indifférentes. Tant qu’on enlève et tue les éleveurs de bétail au Nord, la position du président reste dans les tiroirs. De même, lors d’un discours à la nation, il a appelé les compatriotes à s’illustrer à l’exemple des Lions Indomptables. Mais, nous ne constatons que déception. Tout porte à croire que le président de la république est le seul à s’engager pour l’honneur de la patrie. Il faut donc attendre le pire de l’attaque de certaines autorités et élites du Nord pour que le Bir se réveille et déploie enfin des hommes supplémentaires, deux hélicoptères M17, des chars,… dans le Septentrion. Il y a un déphasage entre le président Biya et ses compatriotes. D’où sa fureur justifiée par la sanction des hauts gradés de l’armée à la suite des attaques de la secte islamique. Voilà donc le Cameroun où le manque de conscience s’installe au détriment du snobisme, où la morale et l’incivisme deviennent obsolètes. Ceci donne lieu à un manque de concentration donc, à des «débâcles» dans tous les domaines et de surcroit de la république tout entière. Le Bir a fait une exposition de son matériel de guerre lors de la dernière fête nationale le 20 mai 2014. Mais quand le président déclare la guerre à Boko Haram, ce matériel est resté dans les magasins, emballé dans les cartons ou encore sert à titre individuel pour transporter les produits vivriers et autres. Les forces de défense, de la sécurité et des sapeurs pompiers se laissent emporter par l’extravagance. La tenue est devenue un vêtement de mode fashion. Dans les quartiers, on voit ces jeunes hommes en tenue mousser avec leur camouflé posé sur leurs fessiers, à la démarche de macaque, occupant la voie comme un éléphant, cigarette à la main droite, téléphone androïde dans l’autre avec kit oreille. Malheur d’effleurer la tenue, il vous sera enseigné le respect à la minute et à leur manière. La population est sans ignorer le comportement de ceux-ci. Ils se retournent contre elle. Ils sont grossiers, agressifs. On a vu un descendre de son véhicule cogner le carrosse d’un usager avec la crosse de son arme en mêlant injures et promesse de bastonnade pu blique. Un autre allant ouvrir la portière d’un chauffeur de taxi pour lui donner des coups de bottes. Certains qui se retrouvent entremêlés dans des histoires de petites amies. Certes, ceci concerne la vie privée mais cela a des conséquences. Un soldat en mission qui pense à ses petites amies, qui a le coeur dans les boîtes de nuit. Un soldat en faction avec son téléphone dissimulé, le tripotant pour envoyer des textos aux petites amies restées au bercail. D’autres, surtout des hauts gradés sont intéressés par des affaires. D’autres encore, sont indifférents des agressions quotidiennes perpétrées dans leurs quartiers, au même endroit, aux mêmes heures, à quelques pas de leur domicile. C’est même d’ailleurs la routine, tant qu’on n’a pas touché à leurs femmes, enfants et biens, tout est normal. Comme conséquence à tous ces attitudes, l’effet de surprise comme celle de l’attaque meurtrière de Kolofata le 27 juillet 2014. Ceci par le manque de la jugeote et de la négligence des situations critiques et de crise à gérer à l’avance. Boko Haram a donc mis sa force en exergue. Ses partisans n’ont pas négligé les propos de M. Biya. Ils se sont donc mieux préparés et même entraînés; ils se sont mieux équipés; ils se sont mieux renseignés; avec un déploiement d’hommes, leur attaque a été sans encombres et inégalable ce jour à Kolofata. Hier c’étaient les Lions et aujourd’hui, le Bir; demain, ce sera le KO. Pourtant ces protagonistes sont compétents. Les Camerounais sont compétents et performants dans tous les domaines. Il faut que ceci serve d’exemple à tous les compatriotes de la nation. Les sanctions du président de la république ne doivent pas être seulement portées dans l’armée. Ces sanctions ne doivent pas seulement regarder le chef de l’Etat. Il est temps pour une sensibilisation et une conscientisation où chacun à son niveau doit faire preuve de patriotisme et que cela ne doit pas seulement être une affaire des Lions ou des forces de défense, encore moins des athlètes.

Joseph Amougui

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